Léo Ferré
La Mutualité à Paris, rendez-vous traditionnel de toutes les mouvances de la gauche, où nous allions tous à tour de rôle hurler notre révolte. Et le Grand Maître, sans Dieu ni Maître, apportait sa touche finale.
Un jour, Léo m'a fait les gros yeux, j'ai compris que je venais de dire une connerie.
C'est une histoire qu'on venait de me raconter et que je trouvais drôle de raconter en scène pour annoncer Ferré.
Le soir, Léo garait sa grosse voiture noire devant l'Échelle de Jacob et ouvrait la porte arrière pour que ses deux gros chiens fassent leurs petits besoins dans le square tout près. C'était une tradition, et les chiens attendaient bien tranquillement que Léo ait terminé son tour.
Un soir, un clochard qui avait élu domicile dans le square s'approcha de Léo, mit sa main sur son épaule et lui dit : "Dîtes, Monsieur Ferré, Y'a pas moyen d'être chien chez vous ? ..."
Léo m'a dit que l'histoire n'était pas vraie. Qu'importe je la trouvais drôle.
Léo, c'est Baudelaire, Verlaine et Rimbaud réunis en un seul volume. Et puis, c'est aussi Ferré le compositeur.
Je me plais à penser parfois que la fameuse interview Brel, Brassens, Ferré est un peu insignifiante. Ses vrais copains n'étaient pas là.
Ils sont dans les bouquins qu'il n'a cessé de lire et de relire.
Très jeune, j'ai été marqué par ce vers d'Hugo :
"Défense de déposer de la musique
Au pied de mes vers ..."
Quel couillon j'étais, l'analyse que Léo fait sur son travail de compositeur vis à vis des Poètes, à propos d'Aragon, est admirable.
Merci Léo, tu es meilleur qu'Hugo !
Voir son site perso : http://www.leo-ferre.com/ et aussi les
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