samedi, 12 novembre 2005
Aux fils des mères encore vivantes ...
Voici la conclusion du LIVRE DE MA MERE d'Albert Cohen. Merveilleux petit livre qu'il faut je crois avoir lu un jour dans sa vie.
Fils des mères encore vivantes,
n'oubliez plus que vos mères sont mortelles.
Je n'aurais pas écrit en vain,
si l'un de vous, après avoir lu mon chant de mort,
est plus doux avec sa mère, un soir,
à cause de moi et de ma mère.
Aimez-la mieux que je n'ai su aimer ma mère
Que chaque jour vous lui apportiez une joie,
c'est ce que je vous dis du droit de mon regret,
gravement du haut de mon deuil.
Ces paroles que je vous adresse, fils des mères encore vivantes,
sont les seules condoléances qu'à moi-même je puisse m'offrir.
Pendant qu'il est temps, fils,
pendant qu'elle est encore là
Hâtez-vous,
car bientôt l'immobilité sera sur sa face
imperceptiblement souriante,
virginalement.
Mais je vous connais,
et rien ne vous ôtera à votre folle indifférence
aussi longtemps que vos mères seront vivantes.
Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra
et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leur mère,
les fous si tôt punis.
22:40 Publié dans Parmi mes auteurs préférés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, littérature, mère, mort, fils | | Facebook | | | Imprimer | |
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