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jeudi, 24 février 2005

Biographie

PLUSIEURS VIE EN UNE OU L'HISTOIRE D'UN POETE, ... COMEDIEN, ... JURISTE, ... FOU DE CUISINE ...

LE POETE

1947 : Le 12 Mai, Jacques Maidon dit Deslandes, fils d'Yves Maidon et d'Hélène Deslandes, naît à Coulonges-sur-l'Autize dans les Deux-Sèvres, 5ème d'une famille de neuf enfants.

1950 : Enfant précoce, il monte sur scène, pour la première fois, à l'âge de deux ans et demi. Lors d'un spectacle d'enfants à Niort, il tient le rôle comique de "l'arroseur arrosé" et obtient un gros succès. Dès lors, on lui demandera chaque année de monter un nouveau numéro.

1956-1958 : Il dirige l'édition du journal "Les échos liés" à l'école Ferdinand Buisson, dont la pédagogie s'inspire des principes de "l'école moderne" de C. Freinet.

1957 : Reconnu pour son talent scénique, il se voit confier par les autorités de la ville de Niort, un petit théâtre pour y créer et diriger des spectacles. Il écrit notamment des adaptations d'Hugo, d'Aristophane, de Sophocle, de Banville ...
Sa mère, militante féministe, l'amène régulièrement sur une île des Charentes où il rencontre Messali Hadj, prophète de la libération du Monde arabe et prisonnier politique de la France. Cet homme merveilleux le prenait sur ses genoux, et après avoir longuement parlé avec sa mère, l'initiait à l'Histoire du Monde, ce qu'on appelle aujourd'hui la géo-politique.

1960 : Il rejoint le lycée de Talence à Bordeaux pour apprendre le russe. Langue qu'il maîtrise très vite et très naturellement comme s'il s'agissait d'une "langue maternelle oubliée". Ce qui lui vaudra dès le second trimestre un premier prix de russe et une rencontre inédite avec Krouchtchev, Président de l'URSS, lors de sa visite officielle à Bordeaux.
Par ailleurs, ne supportant pas le pensionnat, il est hébergé à Pessac dans une famille de cosaques djiguites qui l'adopte véritablement comme l'un des leurs.

1961 : Il écrit un texte de prose poétique intitulé "Verdun", qui relate un dialogue entre un fils et son père déserteur, en relation avec les rébellions de soldats qui eurent lieu en 1917 suite à la révolution russe, et qui furent réprimées dans le sang à coup de pelotons d'exécution expéditifs. Ce texte pacifiste lui vaudra d'être remarqué et devenir "le protégé" d'André Malraux, illustre Ministre de la Culture de De Gaulle.

1962 : Il passe en auditeur libre son Baccalauréat 1ère partie.
Il y obtient les meilleures notes en France en français et en Latin, mais décline la proposition qui lui est faite, de préparer l'entrée à l'École Normale Supérieure.

1962-1964 : Sous la houlette de Malraux, il devient Ambassadeur de la Culture française dans toute l'Europe comme diseur de poèmes. Il participe ainsi à plusieurs tournées de récitals poétiques en Allemagne, dans le cadre du rapprochement Franco-allemand. Il est l'élève de Jean Chevrin (secrétaire de Louis Jouvet) au Conservatoire d'Arts Dramatiques de Rouen. Il y fêtera la tenue de son 1000 ème récital.

 1965 : A Paris, Il rencontre Jacques Brel pour lui demander la permission de dire ses chansons comme des poèmes et Jean Lumière, qui l'initie à son grand savoir sur l'Art de la Diction.

1966-1968 : Il réalise de multiples tournées de récitals et de conférences de Poésie, "Cinq Siècles de Poésie Française", organisées par les Alliances Françaises et la Direction des Écoles du Danemark, de Suède et de Norvège. Il devient responsable des courts d'Arts Dramatiques au Théâtre d’Aarhus au Danemark.

1968 : Retour en France. Dans le cadre de la Tournée Travail et Culture organisée par le parti communiste français, il effectue 70 récitals d'"Une Vie d'homme". Il fait également partie de la troupe de "Théâtre et Culture" pour des tournées en France et en Europe.

1969-1972 : Il est pensionnaire dans plusieurs cabarets parisiens : au Tire-Bouchon, au Caveau de la Bolée, au Marais, Chez George, à l’Échelle de Jacob, à l'Écluse, au Tire Bouchon, à la Mutualité … Récitals dans les MJC, foyers Culturels, etc ... Il y côtoie entre autres Bernard Dimey, Jacques Debronckart, Bernard Lavilliers, ...

Il effectue aussi des animations "Poésie à la Carte" en milieu scolaire, réalisées en collaboration avec les enseignants de la Seine Saint-Denis. Il faut dire qu'à l'époque, il connaît par coeur pas loin de 3000 poèmes.
Il tourne dans 7 films dont 
"François Malgorn" de Yves André Hubert et "La Polonaise" d'Henri Spade et (Filmographie). Film dans lequel il joue le rôle de Stanislas en langue polonaise, traduite en voix off par Loumi Iacobesco. Ce qui fût du plus bel effet, mais lui valu ensuite quelques difficultés auprès de certains metteurs en scène qui pensaient qu'il lui fallait un permis de travail pour être engagé ...

1971 : Il met en scène le dernier tour de chants de la grande Viviane Romance à Paris.

1972 : Il participe au "Centenaire Paul Fort" aux côtés de Georges Brassens, Pierre Fresnay, et Armand Lanoux de l'Académie Goncourt, à la télévision, dans les Maisons de la Culture et dans les principales cathédrales françaises.

1973 : En Septembre-Octobre, il fait Bobino avec les Frères Jacques et Cora Vaucaire ; trois fois un quart d'heure de poèmes extraits d'"Une Vie d'homme".Il collabore à la mise en scène du tour de chant de Cora Vaucaire au Théâtre de la ville.
Félix Vitry le lui avait promis. Pour la 1ère fois, la "Poésie A Cappella" est entrée au Music-Hall;Dès le 1er soir, Jacques Dubourg, le sonorisateur et éclairagiste d'Edith Piaf vient le voir dans sa loge et lui demande de l'autoriser à faire gratuitement ses éclairages. Il griffonne quelques uns de ses textes sur un bout de papier et Jacques Dubourg aussitôt s'est mis au travail.Ce fût magnifique!

1973-1974 : Il participe à la radio de façon hebdomadaire aux émissions poétiques « Le fil rouge » et « Piste rouge » de Luc Bérimont, Pierre Seghers et Bernard Gandrey-Rety et à la télévision aux émissions « Récital » et « Club des Poètes ». 
Il créé les conférences récitals :
- "Poésie à la carte",
- "Écoute, Rêve et Peins",
- et "Un jour, un poète", ce qui l'amène entre autres à collaborer à une thèse à la Sorbonne sur le poète Henri Pichette.

Délégué par l'Académie Goncourt et le Ministère français des Affaires Culturelles auprès de la ville de Troyes pour la réalisation du Printemps de Troyes , il organise la première Bourse Goncourt du récit historique ainsi que le jumelage du Prix Apollinaire et du prix Goncourt de la Poésie, sous la direction de :
Hervé Bazin , Président de l'Académie Goncourt de 1958 à 1996,
- Armand Lanoux, Secrétaire de l'Académie Goncourt de 1969 à 1983,
- Jean Mistler, Secrétaire perpétuel de l'Académie Française
- et Robert Mallet, Chancelier des Universités et Recteur de la Sorbonne.

Léopold Sédar Senghor, Poète-Président de la République du Sénégal fût le récipiendaire d'honneur de ce Prix.
Pendant toute cette période, il aura l'honneur suprême de partager le repas des Académiciens Goncourt Chez Drouant, avec les couverts du poète Pierre Mac Orlan ...

1975-1979 : Il s'établi en Bretagne, où il est nommé Directeur du Centre des Arts et de la Culture de Concarneau. Il y monte plusieurs spectacles et expositions ("Les animaux sauvages en Bretagne", "Les vieux outils ") et collabore notamment avec Jacques-yves Cousteau et le Musée Océanographique de Monaco pour l'élaboration d'une exposition sur les baleines.

1976 : " La Résistance et ses Poètes " d'après le livre de Pierre Seghers, principalement en milieu scolaire.

1977 : " Centenaire Max Jacob " à Quimper

1978 : " Humorage à Prévert ", théâtres et scolaires. Il devient également membre de la SACEM à titre d'auteur-compositeur.

1981 : Tournées Une Vie d'homme et Poésie à la carte dans le Nord de la France, Paris et Belgique

1982 : Création des récitals de la collection "Les Grands Chants des Hommes", et conception d'un 33T que, perfectionniste, il refusera de publier.
Création de " Poèmes pour rire et pour rêver ", récital destiné aux élèves du primaire.

1980-1986 : Il poursuit ses récitals de Poésie dans des centaines de collèges et de lycées à travers l'Europe et se lance en Affaires et dirige jusqu'à onze magasins de prêt à porter en Bretagne.

Par la suite, il ne cesse d’écrire de la Poésie … qui pour l’instant attend son heure pour être publiée. Membre de la Sacem à titre d'auteur-compositeur et de la Société des Poètes Français, "Festina lente" est sa devise juridique préférée, elle signifie en clair "DÉPÊCHE TOI LENTEMENT"...


LE JURISTE
Parallèlement, à ses activités professionnelles, il entreprend à partir de 1991 des études de Droit. D'abord à l'Université de Bordeaux, où il obtient un DEUG de Droit, une licence en Droit privé et une maîtrise en Droit civil et en Droit des affaires sous la direction de Mr le Professeur Jean Hauser.
Puis, toujours poussé par son désir d'aller au fond des choses, il se rend à l'Université de Poitiers, pour obtenir en 1996, une Maîtrise de Droit Pénal, option Droit Pénal International et un Certificat de Sciences Criminelles sous la direction de Mr le Professeur Jean Pradel.

LE CHEF CUSINIER
Dans les années soixante, il côtoie sur les plateaux de la télévision française, le grand cuisinier Raymond Oliver qui officie depuis 1957, avec la speakerine Catherine Langeais, les 1ères émissions de cuisine en direct. C'est là que naît sa passion de la cuisine, entre deux séances d'enregistrement de poèmes, le grand Chef l'invite à manger ses créations et lui montre ses tours de main ...

1986 : Il créé son 1er restaurant, Crêperie-Grill, "La Bolée" à Biscarosse.
Son plus proche voisin, Jean-Paul Euloges, 1er Maître saucier de France, l'initie par amitié, aux secrets de la conception de ses sauces.
 

1991 : Il devient propriétaire du Domaine de La Perrière, près de Bordeaux, où il développe une cuisine gastronomique du terroir.

1997 : Pour la naissance de son fils Glenn, il créé dans une vieille maison bretonne un restaurant-crêperie nommé "Ty Glenn", à la Pointe du Raz.

2001 : Avec sa femme Nathalie, il crée au Québec "L'Amour de la Table Inc." dont l'établissement de Cap Rouge est aussitôt sélectionné fin 2002 par le magazine "En Route" d'Air Canada comme faisant partie des 28 meilleurs nouveaux restaurants au Canada.

 
14 Septembre 2007
Jacques nous a quittés, après avoir mener un dur et inégal combat contre la pernicieuse maladie qui l'a emporté. Il laisse un vide immense dans nos têtes et dans nos coeurs. Mais le son pénétrant de sa voix de poète demeure ainsi que ses textes si poignants et si inspirés ... Pour nous rappeler que la vie est belle même si parfois le désespoir l'emporte parce qu'on la voudrait meilleure et surtout moins injuste.

samedi, 18 décembre 2004

Verdun

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© Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem

 Voici un texte de prose poétique intitulé "Verdun", qui relate un dialogue entre un fils et son père déserteur, en relation avec les rébellions de soldats qui eurent lieu en 1917 suite à la révolution russe, et qui furent réprimées dans le sang à coup de pelotons d'exécution expéditifs.

Papa, dis, p’pa, où est-ce qu’on va comme çà
dis, p’pa, dis écoute-moi
Papa, pourquoi tu fais cette tête là
J’t’ai jamais vu comme çà
dis, p’pa, dis réponds-moi
Tu sais j’ai froid et j’ai faim
dis, j’ai grand faim
Papa, si on retournait à Verdun
Tu t’souviens, y avait du pain
à Verdun


Tais-toi, fiston, dis pas d’bêtises
Ça qu’on y faisait m’fout la hantise
Parce que même si y avait des ch’mises
Parce que même si y avait du pain et des sorlots
Verdun, c’est l’charnier des assassins
Verdun, c’est l’charnier des héros
Ceux qui y sont y sont pas des hommes
Y sont des bêtes, des bêtes de somme
Des paumés qu’la gloire assomme

Papa, tu veux plus être un grand héros
T’aurais ton nom dans les journaux
La vie alors serait du gâteau
On serait riches, on aurait du cœur
J’te paierais des grolles de chasseur
Et à Maman, t’y paierais des fleurs …


Tais-toi et marche, un héros moi
Ah, tu t’figures
Que je tuerais quelqu’un pour l’allure
Que m’donnerait cette gloire
D’avoir gagné sur un champs d’foire
Où les quilles elles sont la mémoire
Tais-toi et marche, te retourne pas
C’qu’est derrière nous ce sont nos pas
Et ça qu’est devant, c’est la seule voie
Qui ne soit pas encore souillée
Par le sang de tous ces bouchers
La seule où l’on puisse rêver

Papa, dis p’pa, où est-ce qu’on va comme ça
Dis, p’pa, dis, écoute-moi
Papa, on a traversé tout Paris
On a rien mangé d’puis samedi
On a marché et puis, et puis
Et puis, j’sais bien pourquoi qu’on fuit
Dis, Papa, tu sais où on va
J’sais bien qu’tu l’sais, sois chic, dis-moi
Dis-moi aussi tout c’que t’as vu
Je veux savoir, j’ai pas vécu
Dis-moi la vie comme tu l’as vue …?


La vie fiston, c’est un corridor
Tu sais un couloir où le pauvre y dort
Il est long, il est retord
Un labyrinthe quoi, mais on s’en sort
Quelque fois c’est une salle d’attente
Alors tu rentres et tu attends
Tu attends quoi, je n’sais pas, t’attends
Et quand t’es las, ben on t’étend

Et nous qu’est-ce qu’on fait, dis Papa

On entre, on voit et on s’en va
Allons viens, pressons-nous si t’as froid
Plutôt qu’on y sera, mieux qu’on s’ra

Papa, dis p’pa v’l’a Notre-Dame
Et ben on l’connaît l’maccadam
D’puis Verdun qu’on marche et qu’on damne
Tu parles d’une trotte
Oh, regarde, y ont des flambeaux
Tu parles d’un truc, qu’est-ce que c’est beau !
Oh, regarde, le bonhomme tout là-haut
Tu crois qu’j’y ressemble ? c’est rigolo !
Oh, regarde la sale tête qu’il a
Celui qu’est à gauche de çuila


Viens, r’garde pas ça
R’garde pas ça, j’te dis, c’est idiot
C’est méchant et puis c’est faux
Pas d’justice t’entends, y a pas d’justice
Et y en aura pas tant qu’y aura des guerres
Tant qu’on s’battra
Tant qu’on t’dira d’tirer sur un homme qu’est comme toi
Y a pas de justice
Y en a pas.
Écoute mon petit, écoute-moi
Aime, aime n’importe qui
Aime n’importe quoi
L’amour ça fait du bien au fond de soi …
Tu sais à la maison, je n’peux plus y aller
Regarde ces gendarmes, ils viennent m’arrêter
Mais toi retourne voir Maman
Et dis lui que je l’aime
Retourne voir Maman et va vivre avec elle
Dis-lui ce que je suis, dis-lui, elle comprendra
Dis-lui, un déserteur ton Papa …

Papa, dis p’pa qu’est-ce que tu fais
Te v’là monté sur l’parapet
Non, Papa !


C’est vous qui l’avez tué
Et Maman où elle est maintenant
Maman je t’aime,
Maman il t’aime,
Maman on t’aime, nous
Maman, crachons sur la guerre
Maman, crachons sur les bourreaux
Maman, ils sont des salauds
D’où on vient, là-bas
À Verdun


06:05 Publié dans Les Mots que je te dis ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, auteur, littérature, poète, guerre, déserteur, verdun | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |