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mercredi, 25 avril 2007

Le Discours

© Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem

podcast
 

L’assistance était belle, on parlait politique
Et tous les orateurs avaient eu du succès
Ils avaient exposé les dernières statistiques
Et chacun à présent se sentait rassuré
«Entre les démagogues, les traites, et les menteurs
On ne sait vraiment plus mon cher pour qui voter !»
On avait oublié d’éteindre un projecteur
Quand soudain des coulisses un homme est arrivé …
Il y eut un silence, alors il a chanté :

Demain tout peut changer
Ma seule politique, c’est mon pouvoir d’aimer !

Je veux créer un monde, un monde à notre image
Monde où nous serons fous, monde où nous serons sages
Mon premier sera l’Homme, ma première la Femme
L’Enfant sera mon cœur, le Vieillard mon âme.
Plus de papa-maman, plus de bible, plus de lois,
Plus de cette morale qui enfante la haine
Et qui met pour leurs crimes au service des rois
Le peu qu’il nous restait de la conscience humaine …

Demain tout peut changer
Ma seule politique, c’est mon pouvoir d’aimer !

Je t’apprendrai à lire dans les yeux des étoiles
L’alphabet de la joie, les verbes en mouvement
Je t’apprendrai à lire sur le front des étoiles
Le grand livre oublié du message des vents.
Et s’il faut que mes ongles creusent ta carapace
J’inventerai des mots qui sauront t’écorcher
J’arracherai de toi ces lambeaux de grimace
Cette servilité qui t’a défiguré …

Demain tout peut changer
Ma seule politique, c’est mon pouvoir d’aimer !

Faut-il que je te montre le rire de la haine
Sous le masque de plomb d’un garçon de quinze ans
Auquel on a appris semaine après semaine
A ne jamais confondre travail et sentiment
Qui donne un coup de pied au ventre de sa chienne
Et puis va étudier sa leçon d’allemand
Et qui demain fera des enfants à la chaîne
Auxquels il apprendra à devenir méchants …

Demain tout doit changer
Ma seule politique, c’est mon pouvoir d’AIMER !

L’assistance était belle, on parlait politique
Et tous les orateurs avaient eu du succès
Pourtant je me souviens qu’un moment de panique
Secoua les premiers rangs de cette noble assemblée.
«Qu’attend donc la police ? C’est un provocateur
Vous voyez bien ma chère qu’on n’est pas protégés !»
Mais une balle éteignit soudain le projecteur
Ce n’est qu’à la troisième que l’homme fut touché.
Il y eut un silence et quelqu’un a crié :

Demain tout va changer
Ma seule politique, c’est mon pouvoir de TUER !

mardi, 27 mars 2007

Sidéric

© Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem

Ensemble contre le sida


podcast
 

De l’amour plein la gueule …
Mais le sida dans l’cul !
Il est parti tout seul
L’ami qu’on ne voit plus
Il est parti très vite
C’était tout au début
La mort a pris sa bite
Et nous a fait cocus …
La mort a pris sa bite
Et puis sa vie aussi
De là où il habite
Je l’entends qui nous crie :

«Soyez pas cons les gars
Bordel protégez-vous
Nous, on ne savait pas
Mais vous vous seriez fous
Ell’ band’ra pas plus petit
Votre queue en latex
Respectez votre vie
Protégez votre sexe
Respectez votre vie
Y a trop morts dans la foule
Mourir au creux d’un lit
C’est cher payer la moule !
C’est cher payer l’amour
Que d’en mourir pour çà
Deux vies, c’est bien trop court
Pour mourir du sida !
Nos queues donnent la vie
Comme elles portent la mort
Sois pas salaud ami
Protège-moi d’abord
Sois pas salaud ami
Empêche la mort en moi
Donne-moi ces mille vies
Que ton sexe me doit ! …»

L’amour en pleine gueule ..
Et le sida dans l’cul
Éric est parti seul
On ne l’a plus revu
Il est parti très vite
C’était au tout début
La mort a pris sa bite
Et nous a faits cocus …

L’amour en pleine gueule
Et puis la vie avec
Çà dépend de toi seul
Çà dépend de toi, Mec !
L’amour en pleine gueule …
Avec la vie en plus
Çà dépend de vous seuls …
Et la mort l’a dans l’cul !

Hétéro, mon ami
C’est vrai, pour toi aussi !

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Poème écrit le 13/12/95 et dédié à Éric et ses amis – dont j’étais comme un frère …

14:30 Publié dans Les Mots que je te dis ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, auteur, poète, sida, poème, protégez-vous, sidaction | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

vendredi, 23 février 2007

Demain

 © Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem

 

Écoute bien ça, mon ami, je te le dis

Hier, c’est encore aujourd’hui

Demain ne sera pas peut-être

Écoute bien ça, mon ami, je te le dis

Demain sautera par la fenêtre

Et tu resteras là sans vie

12:35 Publié dans Les Mots que je te dis ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auteur, poème, littérature, diseur de poème, poète, poésie | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

mercredi, 10 janvier 2007

Concarneau


podcast
  

© Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem


Ce poème, c'est à ma mère Guite que je le dédie

Je suis un slave breton qui plante ses racines
Là où la ville a rendez-vous avec la mer
Dans un pays salé où des vagues lubriques
Mordent les pieds des roches en dessinant des criques
Où mes enfants se baignent aussitôt qu’il fait chaud.
Je suis un immigré face à la grande usine
Là où la vie fabrique la vie sans renoncement
Sous une place forte, close de pierres de taille
De ciment de Russie, de sable maculé
Que les hommes ratissent aux abords de l’été
Honteux du chancre noir suppuré des bateaux …

Concarneau, Concarneau
Ma ville où mes enfants sont plus beaux qu’un poème.

Il me fallait la mer pour mon orphelinat
Son spectacle irréel de vie obligatoire
Dont le râle de l’eau n’est jamais arbitraire
Ni le cri des oiseaux, dans ce monde insulaire
Où je pressens que la mort même pourrait mourir.
Il me fallait la mer étendue devant moi
Dans son linceul pisseux quand l’écume s’en mêle
Et rester là figé, longtemps planté devant,
Bête de désespoir, follement indécent,
Attendant, impudique, un miracle à venir …

Concarneau, Concarneau

Le miracle d’un port où voyager à terre
Qui garde des secrets à portée de ma vue
Quand le ciel sous la mer soulevant l’archipel
Ressuscite les îles qu’il nous cachait sous elle
Comme la mort nous cache ceux qu’on n'espère plus.
Le miracle d’un port où jouer à père et mère
En copiant des autres leur façon d’oublier
Dans ces bars familiaux où le temps lâche prise
Où l’on est vieux garçon dont les yeux s’alcoolisent
Qui rentre chez sa femme honteux et dérouté.

Concarneau, Concarneau
Ma ville où mes enfants sont plus beaux qu’un poème.

Oh ! Me défaire pour eux du strip-tease d’écrire
Ou savoir me cacher sous les mots qui me forcent
Désendiguer en moi tous ces cris des poètes
Comme des goélands à l’assaut de ma tête
Pour leur dire simplement que j’aimais bien rêver.
Oh ! Prendre enfin le temps de vivre une autre vie
Au milieu de ces gens ni meilleurs ni pires
Peut-être un peu plus fiers que je ne sais le dire
Imprudents vieux garçons à l’ombre de leur ville
Sous le regard vicieux de Korrigans débiles …
Pour suivre mes deux garçons qui jouent à «tu es mort !»

Concarneau, Concarneau
Ma ville où mes enfants sont plus beaux qu’un poème.

dimanche, 17 décembre 2006

Au danseur, mon frère

 © Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem

L’avion s’élance
Comme deux bras tendus par l’amour pour embrasser le ciel
L’avion se cabre
Et moi je suis dans son ventre, les pieds soudain posés sur les nuages
Et je pense à toi …

Merci d’être si beau, si chaud, si frère
Merci d’être si grand lorsque ton corps s’étire
Et envahit l’espace
D’une musique recréée par ton pas.
Quand le silence incroyable des mots
Que l’arche de tes bras détermine
Dans un ciel de couleurs toujours réinventées
Fait surgir ton abécédaire
Comme un grand alphabet
De l’amour
De la vie
De la fierté d’être homme
Dans ce monde où chacun devrait n’ouvrir les yeux
Que pour donner dans un sourire ce que tu donnes avec ta force
Avec la puissance de tes muscles qui s’allongent
Et qui te font flotter dans l’air
Comme après l’amour quand l’un et l’autre ne savent plus
Qui a aimé le mieux, qui a reçu plus fort …

Ton art est humain parce qu’il est amour physique
Parce qu’on le voit
Parce que c’est vraiment toi qui fais vraiment l’amour
À la musique
A l’espace
A la couleur
Parce que c’est vraiment toi qui fais vraiment l’amour
A ceux qui te regardent
A ceux qui te reçoivent si bien
Qu’ils n’ont plus d’autre choix que celui de se nourrir de la beauté
La seule
Celle dont chaque membre est si nu
Qu’on ne lui voit plus que le cœur …
Et c’est ton cœur alors qui danse plus fort que toi …

Je t’admire, Gilles
Toi dont le mouvement est parvenu à épouser l’air.
N’atterris plus, le ciel des hommes est si vaste
Qu’il te faudra plus d’une vie
Pour expliquer à tous la magie de ton art.

Captain, votre avion vole, il ne danse pas,
Mon frère, lui, si ! …

Oh ! La sublime catharsis du danseur
Qui de son corps
Par tant d’efforts
Fait un chef-d’œuvre !

A Gilles, agile et si beau quand il danse, Février 1995

15:55 Publié dans Les Mots que je te dis ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, danse, ballet, auteur, poème, art, danseur étoile, "gilles maidon" | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

lundi, 17 juillet 2006

Capitaine au long cours

© Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem


podcast

Capitaine au long cours
Je sais toutes les mers
Je sais les océans
Et le rire des vents

Capitaine au long cours
J’ai une vie d’enfer
Et toujours je repars
Dans un foutu brouillard

Capitaine au long cours
Dès que la mer m’appelle
Je hisse la passerelle
Et je pars droit devant

Capitaine au long cours
Quand la mer se retire
C’est comme un souvenir
Que chantent les haubans :

Aventurier, c’est pas une existence
Partir, pour ne plus revenir
Aventurier, c’est un rêve d’enfance
Que tu n’as pas su retenir

Dans l’eau- du ca-niveau
Je po-sais mon - bateau
Mon ba-teau en - papier
En pa-pier qua-drillé
J’enle-vais mes- galoches
Je po-sais ma- sacoche
Et les- deux pieds- dans l’eau
Je sui-vais mon-bateau ! …


Capitaine au long cours
Je sais toutes les filles
Je sais toutes les putains
Et même des filles très bien

Capitaine au long cours
J’ai tant roulé ma bille
Que j’ai fait des enfants
Sur tous les continents

Capitaine au long cours
Dès que l’amour m’appelle
Je largue la passerelle
Et je prends du bon temps

Capitaine au long cours
Quand l’amour m’ensommeille
Je repense à la vieille
Qui me disait souvent :

Aventurier, c’est pas une existence
Une fille dans chaque port
Aventurier, c’est un amour d’enfance
Qui t’aura fait perdre le nord.

Dans l’eau - du ca-niveau
Je po-sais mon- bateau
Mon ba-teau en - papier
En pa-pier qua-drillé
J’enle-vais ses- galoches
Je po-sais sa- sacoche
Et les- deux pieds- dans l’eau
Elle sui-vait mon-bateau ! …


Capitaine au long cours
Je viens de jeter l’ancre
C’est pas que j’étais âgé
Mais j’étais fatigué

Capitaine au long cours
Il fallait que je rentre
Que je change de décor
De ma chasse au trésor

Capitaine au long cours
J’ai marié une belle
Et dans l’eau de la vaisselle
Noyé tous mes amours …

Capitaine au long cours
Mes croisières aujourd’hui
C’est ce bar des amis
Où je naufrage mes jours :

Aventurier, c’est pas une existence
Mais il ne faut pas revenir
Aventurier, c’est une seconde enfance
Qui ne devrait jamais finir ! …

Dans l’eau- du ca-niveau
Je po-se plus mon-bateau
Mon ba-teau en pa-pier
En pa-pier qua-drillé
J’enlève- plus mes- galoches
Je pose- plus ma- sacoche
Et les- pieds bien- au chaud
J’attends- d’me foutre à l'eau
- à l’eau !

13:50 Publié dans Les Mots que je te dis ... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, chanson, auteur, littérature, poète, diseur de poème, mer | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

lundi, 03 juillet 2006

Rideau

© Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem

Imagine que la vie soit comme une pièce de théâtre,
9 mois plus tôt, on frappe les 3 coups.
Et 9 mois plus tard ...
 


Pour ce tout petit frère

Que le hasard nous donne

Qui déchire sa mère

Au premier cri de l’homme

Rideau !

Pour cet étrange nain

Qui t’éveille la nuit

Et qui serre les poings

Et s’accroche à la vie

Rideau !

Pour ce curieux démon

Qui fréquente les fées

Et fait de ta maison

La maison d’un sorcier

Rideau ! Rideau ! Rideau ! 


Pour ce poète-roi

Qui invente des mots

En effaçant du doigt

La buée des carreaux

Rideau !

Pour cet adolescent

Qui rêve à la ronde

Qu’un jour il sera grand

Et refera le monde

Rideau !

Pour cette fille qui sourit

Sans préméditation

Et jette l’incendie

Dans le corps du garçon

Rideau ! Rideau ! Rideau ! 


Pour son premier baiser

Obtenu au chantage

Quand deux mains affolées

Dansent sur un corsage

Rideau !

Pour le premier matin

Qu’il se réveille deux

Pour le premier matin

Qu’on l’appelle «Monsieur»

Rideau !

Et pour la grande fête

Des jours renouvelés

Pour la joie satisfaite

De s’être mérités

Rideau ! Rideau ! Rideau ! 


Sur le flux des années

Qui passent et le bousculent

Et qui vont l’entraîner

Jusqu’à son crépuscule

Rideau !

Sur le fuite des jours

Qui tarit ses ivresses

Et tricote à l’amour

Son châle de tendresse

Rideau !

Sur la grève où soudain

Il se sent échoué

Avec au creux des reins

La rouille des années

Rideau ! Rideau ! Rideau ! 


Sur ce froid qui le glace

Et lui siffle la nuit

«Dieu comme le temps passe

Et comme tu as vieilli»

Rideau !

Sur cette main qui tremble

Quand il veut caresser

Ce gosse qui lui ressemble

Et l’appelle «Pépé»

Rideau !

Sur cette voix qui lui crie

Je ne veux pas mourir

On ne m’a pas tout dit

Je veux encore vieillir

Rideau ! Rideau ! Rideau !


Sur ce carré de terre

Où s’arrête le temps

Le temps d’une prière

Et d’un Saint-Sacrement

Rideau !

Sur ce carré de terre

Où sa vie n’est plus rien

Qu’une étrange chimère

Enfouie dans son écrin

Rideau !

Sur ce carré de terre

Homme où tu n’es plus rien

Qu’un nom sur une pierre

Qui nous dit « A demain »

Rideau ! Rideau ! Rideau !   

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mardi, 28 mars 2006

Trahison

© Jacques Deslandes - texte déposé à la sacem

Quand tu trahis ton ami,
C’est que déjà
Tu es devenu
Ton propre ennemi.

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lundi, 27 mars 2006

Pardon, Madame, pour un soir ...

Pour les amateurs de textes rares et curieux, j'ai retrouvé ce texte du chansonnier Jean Rieux qui date probablement des années 1920. Bonne lecture.

Le Boxeur Georges Carpentier s’en fut à New-York livrer le « combat de sa vie » contre l'américain Dempsey. Des fusées dans le ciel de Paris annoncèrent sa victoire ...
Quelques jours après Mme Curie revint d’Amérique, rapportant un peu de radium. Son retour passa totalement inaperçu.

Pardon, Madame, pour un soir ...

-         Pardon, Madame, pour un soir
Où notre ciel est resté noir ! –

Mais nos provisions de fusées
Hélas! Se trouvaient épuisées ...
Oui, pardon pour le soir vide et mélancolique
Où vous nous reveniez, si grande, d’Amérique !
C’est que la veille un peuple entier
avait frémi pour Carpentier
C’était fatal ... Vous, vous étiez
Évidemment la bienfaitrice.
Mais les drapeaux étaient pliés
Et tiré le feu d’artifice ...

-         Pardon, Madame, pour un soir

Où notre ciel est resté noir ! –

 

... Or, voyez-vous, ce Carpentier

Que nous avions chéri la veille,

C’est une sorte de merveille

Et – nul ne songe à le nier –

C’est un athlète, ma parole,

Auprès duquel le Discobole

Et le coureur de marathon

Apparaissent des avortons.

En smoking tout comme en cal’çon

C’est un brave et loyal garçon,

À la fois ardent et frivole,

Qui, pour fair’ cuire des marrons,

Fabriqu’ lui-même ses cass’roles ...

 

-         Pardon, Madame, pour un soir

Où notre ciel est resté noir ! –

... Mais, n’est-ce pas, ce Carpentier,

vous-même si vous le voyiez

« Notre Georges ! ... » rien qu’un’ minute,

vous diriez : «  Ah ! la belle brute ! »

Et c’est quelque chose, cela

Évidemment ...Alors, voilà,

Madame, vous, vous n’apportiez

Au creux de vos deux mains unies,

qu’une étincelle de génie,

Une pauvre étincell’, tout’ petite, tout’, seule ...

Et lui nous rapportait des coups d’poing sur la gueule ...

Et ces gnons, si loin récoltés,

ces morniffs et ces ecchymoses,

Pour nous, Français, ça sont des choses

À quoi depuis l’antiquité

Nous ne savons pas résister.

-       Pardon, Madame, pour un soir
Où notre ciel est resté noir ! –

Hélas ! du géni’ c’est le lot ...
Bienfaitric’ ... ça n’est pas un titre,
Pourquoi n’étiez-vous pas Charlot,
Douglas ...ou bien quelque autre pitre ?
Et puis enfin, votre ... machin
Votre radium ... ces noms latins
ça n’inspire pas confiance.
On aime les mots clairs, en France :
Swing, uppercut, bluff et knock-out,
C’est limpide, au moins, ça dit tout !

-       Pardon, Madame, pour un soir
Où notre ciel est resté noir ! –

Pardon pour la gare déserte

Où nulle fleur ne fut offerte;

Pardon pour les trois journalistes

Qui poirautaient vagues et tristes;

Pardon pour tous les députés

Et tous les ministres restés

Auprès de belles sociétaires

Qu’ils désiraient à part entière.

Pardon pour le chef de l’État,

qui précisément ce soir-là

devait présider un gala

en l’honneur du Guatemala.

Pardon surtout ... oh ! grand pardon,

Pour les environ deux millions

D’enthousiastes citoyens

Qui ne fir’nt sur votre passage

La haie, ainsi qu’il est d’usage

Pour les cabots et les souvr’ains.

Pardon pour tout un peuple entier

Que l’on n’avait pas renseigné ...

-         Un temps viendra, madame, où la pure étincelle

Que vous nous apportiez entre vos mains fidèles,

Sera le brasier merveilleux :

Force pour la jeunesse et santé pour les vieux;

Soulag’ra, guérira, fera même survivre !

(savants et bienfaiteurs par milliers vont vous suivre)

Chaque jour des milliers d’existenc’s s’ront sauvées ...

C’est pourquoi tous les soirs on verra des fusées

Pour tous les malades guéris,

Monter dans le ciel de Paris,

Du Sacré-Cœur à Notre-Dame ...

Des milliers de fusées, hautes, droites et blanches ...

 

-         Et ce sera votre revanche,

Madame ...

19:10 Publié dans Parmi mes auteurs préférés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auteur, chansonnier, marie curie, texte | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

samedi, 11 mars 2006

Tu n’emporteras rien avec toi

De Pierre Béarn (1990)

Homme,
qui que tu sois
tu n’emporteras rien
avec toi.

Homme inhumain par habitude
ou par conviction,
Abel façonné par la vie
en Caïn pour les carnages,
quand donc jetteras-tu
tes masques de peinturlures
tes lauriers de prédateur ?

Tu n’emporteras rien
avec toi

Rien n’était urgent dans la vie
mais tu fus toujours pressé d’écraser
quiconque se mouvait dans d’autres couleurs.

Couleurs de peau, couleurs d’idées,
couleurs de tous les drapeaux coupables,
couleur des uniformes truqués.

Tu n’emporteras rien
avec toi

Iraniens, Irakiens, qu’espérez-vous
sur vos champs puants de pétrole ?
Israéliens, Palestiniens,
n’étiez-vous pas du même sang ?

Et vous mes Africains,
mes rois nègres, mes nomades
des sables quadrillés par les Blancs
pourquoi jaillir en ennemis
hors du feu chantant de vos danses ?
Vous n’emporterez rien
avec vous.

O mes peaux Rouges de l’enfance
mes Arméniens de la vengeance,
peuples bafoués et méprisés
et vous ! coffres-forts de l’aisance
vous n’emporterez rien
avec vous.

Est et Ouest dressés
en face à face dérisoire
où donc prenez-vous vos points cardinaux ?

Vous n’emporterez rien
avec vous.

Policiers et soldats victimes
des voix de l’anonymat,
peuples mal soumis des usines
et vous, mes clochards de la vie
vous n’emporterez rien avec vous.

Hommes déchirés de races
et de convictions ennemis,
Hommes drogués, saoulés d’argent
dans la fermentation des convoitises,
qui donc pourrait vous pardonner
dans l’au-delà ?

Vous n’emportrez rien
avec vous.

Que tu sois né du Christ ou de Lénine
de Mahomet ou de Bouddha
ou d’un ventre mal défini
tu n’emporteras rien
avec toi.

Voir aussi un autre extrait de ses textes "L'hymne à la bête" qu'il a eu la gentillesse de me dédicacer.

00:10 Publié dans Parmi mes auteurs préférés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poète, littérature, auteur, homme | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

jeudi, 24 février 2005

Archives du Poète

Jacques Deslandes est membre de la Société des Poètes Français et de la Sacem à titre d'auteur-compositeur depuis 1978.

Vous trouverez ci-après des témoignages et autres dédicaces d'auteurs célèbres (dont Hervé Bazin, Armand Lanoux, Pierre Béarn, ...) ainsi que plusieurs articles de presse consacrés à Jacques Deslandes pour sa poésie sous forme de diaporama.


Pour mieux les consulter, vous pouvez également cliquer sur l'icône Archives du Poète dans la rubrique albums Photos.

17:00 Publié dans Ma Vie en poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auteur, diseur, poésie, témoignage, poète, littérature | |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer | | |

Biographie

PLUSIEURS VIE EN UNE OU L'HISTOIRE D'UN POETE, ... COMEDIEN, ... JURISTE, ... FOU DE CUISINE ...

LE POETE

1947 : Le 12 Mai, Jacques Maidon dit Deslandes, fils d'Yves Maidon et d'Hélène Deslandes, naît à Coulonges-sur-l'Autize dans les Deux-Sèvres, 5ème d'une famille de neuf enfants.

1950 : Enfant précoce, il monte sur scène, pour la première fois, à l'âge de deux ans et demi. Lors d'un spectacle d'enfants à Niort, il tient le rôle comique de "l'arroseur arrosé" et obtient un gros succès. Dès lors, on lui demandera chaque année de monter un nouveau numéro.

1956-1958 : Il dirige l'édition du journal "Les échos liés" à l'école Ferdinand Buisson, dont la pédagogie s'inspire des principes de "l'école moderne" de C. Freinet.

1957 : Reconnu pour son talent scénique, il se voit confier par les autorités de la ville de Niort, un petit théâtre pour y créer et diriger des spectacles. Il écrit notamment des adaptations d'Hugo, d'Aristophane, de Sophocle, de Banville ...
Sa mère, militante féministe, l'amène régulièrement sur une île des Charentes où il rencontre Messali Hadj, prophète de la libération du Monde arabe et prisonnier politique de la France. Cet homme merveilleux le prenait sur ses genoux, et après avoir longuement parlé avec sa mère, l'initiait à l'Histoire du Monde, ce qu'on appelle aujourd'hui la géo-politique.

1960 : Il rejoint le lycée de Talence à Bordeaux pour apprendre le russe. Langue qu'il maîtrise très vite et très naturellement comme s'il s'agissait d'une "langue maternelle oubliée". Ce qui lui vaudra dès le second trimestre un premier prix de russe et une rencontre inédite avec Krouchtchev, Président de l'URSS, lors de sa visite officielle à Bordeaux.
Par ailleurs, ne supportant pas le pensionnat, il est hébergé à Pessac dans une famille de cosaques djiguites qui l'adopte véritablement comme l'un des leurs.

1961 : Il écrit un texte de prose poétique intitulé "Verdun", qui relate un dialogue entre un fils et son père déserteur, en relation avec les rébellions de soldats qui eurent lieu en 1917 suite à la révolution russe, et qui furent réprimées dans le sang à coup de pelotons d'exécution expéditifs. Ce texte pacifiste lui vaudra d'être remarqué et devenir "le protégé" d'André Malraux, illustre Ministre de la Culture de De Gaulle.

1962 : Il passe en auditeur libre son Baccalauréat 1ère partie.
Il y obtient les meilleures notes en France en français et en Latin, mais décline la proposition qui lui est faite, de préparer l'entrée à l'École Normale Supérieure.

1962-1964 : Sous la houlette de Malraux, il devient Ambassadeur de la Culture française dans toute l'Europe comme diseur de poèmes. Il participe ainsi à plusieurs tournées de récitals poétiques en Allemagne, dans le cadre du rapprochement Franco-allemand. Il est l'élève de Jean Chevrin (secrétaire de Louis Jouvet) au Conservatoire d'Arts Dramatiques de Rouen. Il y fêtera la tenue de son 1000 ème récital.

 1965 : A Paris, Il rencontre Jacques Brel pour lui demander la permission de dire ses chansons comme des poèmes et Jean Lumière, qui l'initie à son grand savoir sur l'Art de la Diction.

1966-1968 : Il réalise de multiples tournées de récitals et de conférences de Poésie, "Cinq Siècles de Poésie Française", organisées par les Alliances Françaises et la Direction des Écoles du Danemark, de Suède et de Norvège. Il devient responsable des courts d'Arts Dramatiques au Théâtre d’Aarhus au Danemark.

1968 : Retour en France. Dans le cadre de la Tournée Travail et Culture organisée par le parti communiste français, il effectue 70 récitals d'"Une Vie d'homme". Il fait également partie de la troupe de "Théâtre et Culture" pour des tournées en France et en Europe.

1969-1972 : Il est pensionnaire dans plusieurs cabarets parisiens : au Tire-Bouchon, au Caveau de la Bolée, au Marais, Chez George, à l’Échelle de Jacob, à l'Écluse, au Tire Bouchon, à la Mutualité … Récitals dans les MJC, foyers Culturels, etc ... Il y côtoie entre autres Bernard Dimey, Jacques Debronckart, Bernard Lavilliers, ...

Il effectue aussi des animations "Poésie à la Carte" en milieu scolaire, réalisées en collaboration avec les enseignants de la Seine Saint-Denis. Il faut dire qu'à l'époque, il connaît par coeur pas loin de 3000 poèmes.
Il tourne dans 7 films dont 
"François Malgorn" de Yves André Hubert et "La Polonaise" d'Henri Spade et (Filmographie). Film dans lequel il joue le rôle de Stanislas en langue polonaise, traduite en voix off par Loumi Iacobesco. Ce qui fût du plus bel effet, mais lui valu ensuite quelques difficultés auprès de certains metteurs en scène qui pensaient qu'il lui fallait un permis de travail pour être engagé ...

1971 : Il met en scène le dernier tour de chants de la grande Viviane Romance à Paris.

1972 : Il participe au "Centenaire Paul Fort" aux côtés de Georges Brassens, Pierre Fresnay, et Armand Lanoux de l'Académie Goncourt, à la télévision, dans les Maisons de la Culture et dans les principales cathédrales françaises.

1973 : En Septembre-Octobre, il fait Bobino avec les Frères Jacques et Cora Vaucaire ; trois fois un quart d'heure de poèmes extraits d'"Une Vie d'homme".Il collabore à la mise en scène du tour de chant de Cora Vaucaire au Théâtre de la ville.
Félix Vitry le lui avait promis. Pour la 1ère fois, la "Poésie A Cappella" est entrée au Music-Hall;Dès le 1er soir, Jacques Dubourg, le sonorisateur et éclairagiste d'Edith Piaf vient le voir dans sa loge et lui demande de l'autoriser à faire gratuitement ses éclairages. Il griffonne quelques uns de ses textes sur un bout de papier et Jacques Dubourg aussitôt s'est mis au travail.Ce fût magnifique!

1973-1974 : Il participe à la radio de façon hebdomadaire aux émissions poétiques « Le fil rouge » et « Piste rouge » de Luc Bérimont, Pierre Seghers et Bernard Gandrey-Rety et à la télévision aux émissions « Récital » et « Club des Poètes ». 
Il créé les conférences récitals :
- "Poésie à la carte",
- "Écoute, Rêve et Peins",
- et "Un jour, un poète", ce qui l'amène entre autres à collaborer à une thèse à la Sorbonne sur le poète Henri Pichette.

Délégué par l'Académie Goncourt et le Ministère français des Affaires Culturelles auprès de la ville de Troyes pour la réalisation du Printemps de Troyes , il organise la première Bourse Goncourt du récit historique ainsi que le jumelage du Prix Apollinaire et du prix Goncourt de la Poésie, sous la direction de :
Hervé Bazin , Président de l'Académie Goncourt de 1958 à 1996,
- Armand Lanoux, Secrétaire de l'Académie Goncourt de 1969 à 1983,
- Jean Mistler, Secrétaire perpétuel de l'Académie Française
- et Robert Mallet, Chancelier des Universités et Recteur de la Sorbonne.

Léopold Sédar Senghor, Poète-Président de la République du Sénégal fût le récipiendaire d'honneur de ce Prix.
Pendant toute cette période, il aura l'honneur suprême de partager le repas des Académiciens Goncourt Chez Drouant, avec les couverts du poète Pierre Mac Orlan ...

1975-1979 : Il s'établi en Bretagne, où il est nommé Directeur du Centre des Arts et de la Culture de Concarneau. Il y monte plusieurs spectacles et expositions ("Les animaux sauvages en Bretagne", "Les vieux outils ") et collabore notamment avec Jacques-yves Cousteau et le Musée Océanographique de Monaco pour l'élaboration d'une exposition sur les baleines.

1976 : " La Résistance et ses Poètes " d'après le livre de Pierre Seghers, principalement en milieu scolaire.

1977 : " Centenaire Max Jacob " à Quimper

1978 : " Humorage à Prévert ", théâtres et scolaires. Il devient également membre de la SACEM à titre d'auteur-compositeur.

1981 : Tournées Une Vie d'homme et Poésie à la carte dans le Nord de la France, Paris et Belgique

1982 : Création des récitals de la collection "Les Grands Chants des Hommes", et conception d'un 33T que, perfectionniste, il refusera de publier.
Création de " Poèmes pour rire et pour rêver ", récital destiné aux élèves du primaire.

1980-1986 : Il poursuit ses récitals de Poésie dans des centaines de collèges et de lycées à travers l'Europe et se lance en Affaires et dirige jusqu'à onze magasins de prêt à porter en Bretagne.

Par la suite, il ne cesse d’écrire de la Poésie … qui pour l’instant attend son heure pour être publiée. Membre de la Sacem à titre d'auteur-compositeur et de la Société des Poètes Français, "Festina lente" est sa devise juridique préférée, elle signifie en clair "DÉPÊCHE TOI LENTEMENT"...


LE JURISTE
Parallèlement, à ses activités professionnelles, il entreprend à partir de 1991 des études de Droit. D'abord à l'Université de Bordeaux, où il obtient un DEUG de Droit, une licence en Droit privé et une maîtrise en Droit civil et en Droit des affaires sous la direction de Mr le Professeur Jean Hauser.
Puis, toujours poussé par son désir d'aller au fond des choses, il se rend à l'Université de Poitiers, pour obtenir en 1996, une Maîtrise de Droit Pénal, option Droit Pénal International et un Certificat de Sciences Criminelles sous la direction de Mr le Professeur Jean Pradel.

LE CHEF CUSINIER
Dans les années soixante, il côtoie sur les plateaux de la télévision française, le grand cuisinier Raymond Oliver qui officie depuis 1957, avec la speakerine Catherine Langeais, les 1ères émissions de cuisine en direct. C'est là que naît sa passion de la cuisine, entre deux séances d'enregistrement de poèmes, le grand Chef l'invite à manger ses créations et lui montre ses tours de main ...

1986 : Il créé son 1er restaurant, Crêperie-Grill, "La Bolée" à Biscarosse.
Son plus proche voisin, Jean-Paul Euloges, 1er Maître saucier de France, l'initie par amitié, aux secrets de la conception de ses sauces.
 

1991 : Il devient propriétaire du Domaine de La Perrière, près de Bordeaux, où il développe une cuisine gastronomique du terroir.

1997 : Pour la naissance de son fils Glenn, il créé dans une vieille maison bretonne un restaurant-crêperie nommé "Ty Glenn", à la Pointe du Raz.

2001 : Avec sa femme Nathalie, il crée au Québec "L'Amour de la Table Inc." dont l'établissement de Cap Rouge est aussitôt sélectionné fin 2002 par le magazine "En Route" d'Air Canada comme faisant partie des 28 meilleurs nouveaux restaurants au Canada.

 
14 Septembre 2007
Jacques nous a quittés, après avoir mener un dur et inégal combat contre la pernicieuse maladie qui l'a emporté. Il laisse un vide immense dans nos têtes et dans nos coeurs. Mais le son pénétrant de sa voix de poète demeure ainsi que ses textes si poignants et si inspirés ... Pour nous rappeler que la vie est belle même si parfois le désespoir l'emporte parce qu'on la voudrait meilleure et surtout moins injuste.